Les 5 premiers mois de l'été 44 ont été marqués dans le Nord Pas de Calais par une diminution régulière des actions de la résistance en particulier des sabotages ferroviaires et des coupures de câbles électriques ou téléphoniques qui en constituaient l'aspect le plus visible. Cet affaiblissement est la conséquence de la répression allemande qui a durement frappé les mouvements et les réseaux non communistes dans la moitié de 1943.

L'annonce du débarquement provoque une flambée d'actions de la Résistance nordiste : attentats contre le réseau ferré et navigable, coupures de lignes téléphoniques, essaimages de clous sur les routes... Ces actions s'intégraient dans les plans prévus par les alliés ("plan Tortue" pour ralentir les mouvements de troupes allemandes, "plan Vert" plus spécifiquement concentré sur les sabotages ferroviaires et le "plan Violet"pour couper les lignes téléphoniques).

Dans le Nord plus armé, outre des actions contre les moyens de communication, on observe, à partir du début juillet, une multiplication des vols d'armes et des attentats contre les personnes (soldats allemands isolés, "collabos", interprètes polonais, policiers français...).

Crève pneu pour ralentir les mouvements des troupes allemandes
Matériel utilisé pour le sabotage des voies ferrées
Dans le bassin minier, des groupes de plus en plus nombreux (une centaine d'hommes dans certains cas) se forment la nuit pour réaliser des sabotages contre els voies ferrées, dont l'effet s'ajoute à celui des bombardements sur les gares de triage. A partir du 10 aôut 44, les liaisons ferroviaires entre Paris et le Nord sont pratiquement interrompus. L'occupant continue sa politique de terreur en combinant plusieurs formes de violences: exécutions en groupes de résistants emprisonnés, rafles d'otages après des actes graves de la Résistance, déportation.

L'été 44 marque le tournant de la guerre.

Les actes de Résistance se multiplient afin de permettre une avancée plus rapide des alliés après le débarquement en Normandie.

 

Eté 44, les opérations de la Libération

 

La force de la R ésistance est géographiquement concentrée dans quelques bassins ouvriers: le bassin minier mais aussi le bassin métallurgique de la Sambre. Le massacre d'Ascq est devenu un sujet de réflexion stratégique pour les dirigeants régionaux, il s'agit désormais d'éviter un affrontement frontal disproportionné même si leurs partenaires communistes continuent à prêcher la nécessité d'une insurrection armée dès l'annonce du débarquement.
Prise de prisonniers allemands par la Résistance

 


 

Dans la libération éclair du Nord Pas de Calais, le rôle des FFI a été aussi ingrat qu'important. Sur les routes de campagne de l'Artois ou de l'Avesnois, des groupes équipés de fusils de chasse, d'armes cachées en 1940 ou prises sur des soldats de la Wehrmacht, ont tendu des embuscades et capturé des hommes. Les accrochages les plus importants ont eu lieu dans le bassin minier et dans l'agglomération lilloise où flambent des dépots de munitions, des casernes et des usines incendiés par les Allemands. A Lille, un groupe de résistants s'est emparé par surprise de la citadelle le 2 septembre, récupérant de nombreuses armées et découvrant les corps mutilés de neuf prisonniers de guerre soviétiques. Menés dans les faubourgs, parfois contre des chars isolés, les combats de Lille font près de 50 tués chez les FFI. A leur entrée dans la ville, le 3 septembre, les Britanniques constatent que les Lillois se sont libérés seuls. Dans les communes du bassin minier qui longent les canaux, des centaines de FTP (Francs-Tireurs et Partisans membre de la Résistance armée contrôlée par le parti communiste clandestin) cherchent à enrayer la retraite d'unités structurées; ils font près de 800 prisonniers aux environs de Béthune. Parfois des groupes de résistants prêtent main-forte aux Alliés en servant d'infanterie aux blindés. En assurant la garde des prisonniers et en résorbant de multiples petites poches de retardement, les Résistants ont facilité la progression rapide des forces alliées. Mais le bilan est très lourd: environ 500 FFI ont été tués entre le 1er et le 5 septembre dans le Nord Pas de Calais .